Ce sont d’immenses paysages aux murs et aux plafonds qui oscillent entre abstraction et figuration. Composés aux feutres et à l’encre noire sur des supports, habituellement blancs, ils interrogent l’origine et la nature d’un dessin qui, grâce à un tracé habile et virtuose du crayon, consiste à construire une masse gazeuse ayant la merveilleuse particularité de donner l’illusion d’un devenir liquide et parfois même solide. Qu’est-ce que la matière d’un trait semble se demander Abdelkader Benchamma ? La réponse de l’artiste consiste à nous proposer un ensemble de dérèglements moléculaires en expansions permanentes qui, tel l’aliment blanc de Robert Malaval, sortirait de son support pour recouvrir et absorber tout ce qui l’entoure. Un dessin, à la fois rapide et nerveux, toujours simple et extrêmement complexe qui échappant à la contrainte ordinaire des deux dimensions deviendrait tout à la fois, gravure, sculpture, installation pour composer le fabuleux récit, toujours renouvelé, de la création du monde.
Dans sa dernière série "BLUE BEAM" (2012), l'artiste s'inspire des théories conspirationnistes, de leurs interprétations spéculatives et des écrits de Philipp K. Dick le maître de la science fiction, pour déployer une série de dix dessins autonomes où l'on retrouve les bouleversements physiques qui lui sont chers. Les références aux techniques du story board, de la bande dessinée et du dessin contemporain sont là, elles donnent l'occasion au dessinateur d'explorer de nouveaux mediums (fusain, texte,...) |
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