La lanterne magique ? « C’est d’abord pour moi, un conte. Ensuite c’est l’enfance : l’univers magique des potentiels secrets. C’est ce que je vis, inlassablement dans l’instant de peindre : la magie de la mise en forme du monde ; c’est l’imaginaire poétique et sa capacité à produire ( je n’ose pas dire incarner ) des formes ; c’est aussi une série de peintures exécutées à l’issue du décès de mon père dans les années 80. C’est enfin une méthode : eu égard à cet univers de mots et d’images, de mondes métaphoriques et contingents que j’ai décrit plus haut, c’est le fait que j’ « image » tout. En permanence, je capte le monde par blocs : scènes et sensations, moments et sons, proche et lointain, tout est Image. Ca vient par blocs puis je fait des raccourcis. »
L’iconographie. Que sont ces singes, crânes, girafes, chevaux, fruits, cafetière ? « Ce sont des choses qui me font peur. Elles relèvent de l’intouchable. En Calabre, on ne peint pas les morts, la forme a un pouvoir magique. Le singe c’est moi. Singe parce que tout est signe, tout est langage, tout est juxtaposition, tout est mimique et qu’en fait, singe, parce que peut-être ce double étrange, cette peur du miroir est un fait , singe parce qu’aussi auto-acte, auto-didacte, auto-singerie, auto-geste, auto-portrait. Les crânes : c’est sérieux, c’est Cro-magnon, pace que sages, parce qu’on peut toucher. Les squelettes « comédiens », parce que grand hurluberlu. …
La peinture à l’échelle un et sans repentir ? « Pour bien peindre, il faut tordre le nez à la peinture ; je veux dire que la peinture en elle-même n’a aucune importance. Pour moi ce qui compte, c’est ce que j’ai à dire / construire avec : affronter, regarder sa vie dans on incompréhension immédiate et totale, en cherchant les maillons, les secrets qui feront son futur… En ce sens, la rapidité d’exécution m’est impérative ; elle m’apporte une dimension essentielle : la dépossession de mon travail. Dès lors qu’il ne m’appartient plus, tout est permis t je peux échapper au discours / constipation sur la peinture (il n’y en aurait plus, il y en aurait trop, elle ne serait plus ce qu’elle était). …
Comment fait-tu tes peintures ? « D’abord une idée puis des petits croquis consignés dans de petits carnets toujours avec moi, puis des œuvres gigantesques réalisées sur les lieux mêmes leur exposition. Pour capter le génie des lieux. »
Extraits Entretien avec Carmelo Zagari, par Thierry Raspail Catalogue Carmelo Zagari, Musée d’Art Contemporain de Lyon, 1999 |
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