Peindre autrement (Extrait)Inès Champey, Pertes et profits, Catalogue Patrick Saytour, Musée de l'Objet, Blois, 2000 … Avec les Gloires, la panoplie du peintre s’élargit : « Je les rase, je les peigne, j’ai mon petit matériel de coiffeur ». Comme dans le cas des caricatures esthétisantes qui produisent les « réactualisations » des pièces anciennes, comme aussi dans celui des Chroniques (« l’effet un quart/ trois quarts/ c’est un plage simple ») ou des Renommées, la surface est un « pliage sur l’œil avec une vision du résultat à obtenir », c’est-à-dire le contraire du pliage réel qui, dans les années 60, avait permis de travailler à l’aveugle. Cet illusionnisme désenchanté rencontre ici avec bonheur le motif littéral des damiers dessinés sur les croupes des chevaux qui paradent chaque année au carnaval de Nice. Lorsque la fourrure est trop rase pour être rasée, l’aplat est peint, sinon il est réalisé à l’aide de ciseaux courbes de coiffeur parce que « ça ne marche pas à la tondeuse ». des sillons délimitent des surfaces géométriques sur la partie où le poil est resté long, et le peigne sert à redresser ou à coucher la chevelure acrylique de chaque côté des « raies » pour bien marquer le dessin. Quelle que soit la couleur (orange, jaune, marron, rose, bleu), c’est le sens du poil qui détermine la manière dont les différentes plages de fourrure accrochent la lumière, et il est inévitable de se demander si les amoureux de la peinture noire de Pierre Soulages apprécieront d’en reconnaître le principe. …
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