Deuxième volet d’une invitation lancée à deux artistes dans le cadre d’un dialogue complice.
Nina Roussière
Comment donner à voir les phénomènes qui échappent à notre perception sensible ? Si ceux-ci se dérobent à nos sens, se soustraient-ils pour autant à notre entendement ? Peut-on saisir ce qui est hors de portée, hors-d'échelle, impalpable sans annihiler cette propriété ? Voici quelques-unes des questions qui motivent le travail artistique de Nina Roussière.
Cette dernière entreprend de créer des formes qui pourraient procéder de relevés… Néanmoins, alors qu'une empreinte suppose un objet référentiel laissant sa marque sur une matière qui en enregistre la forme, le travail de Nina Roussière tend à masquer ou plutôt à rompre le lien avec le référent qui reste hors de portée. Si bien que la représentation demeure particulièrement mystérieuse et que ses interventions restent résolument abstraites, comme pour échapper à la narration, à la fiction, passant dans le langage pur du dessin. L'artiste produit alors une sorte de notation intraduisible dans le langage parlé, une forme d'écriture chorégraphique dont la clé de décryptage demeure inaccessible…
Julie Martin, Nina Roussière, Entre le sensible et l’insaisissable, 2018