Arp 2500
« Je crois à mes obsessions personnelles, à la beauté de l’accident de voiture, à la paix de la forêt engloutie, à l’émoi des plages estivales désertes, à l’élégance des cimetières de voitures, au mystère des parkings à étage, à la poésie des hôtels abandonnés. »
J.G. Ballard
Dans le contexte quelque peu dystopique dans lequel nous évoluons, les visions anticipatrices des oeuvres de science-fiction des années 80 sont de plus en plus palpables.
Certaines de ces oeuvres, littéraires ou cinématographiques, génèrent une tension particulière que Samuel Spone a pu rencontrer lors de ses balades nocturnes.
Comme, il y a quelques années, allant peindre de nuit aux abords de l’A9 en chantier, il se retrouva sur l’autoroute presque déserte, à proximité de machines titanesques tout droit sorties de Blade Runner.
Il y a aussi les terrains vagues. Dans ces lieux, l’ambiance est surréelle, on peut lire le passage du temps sur la matière : amas d’objets fusionnés, odeurs de pourri, moisissure, rouille, peinture brûlée par le soleil. Pour Samuel Spone cette atmosphère particulière entraîne le spectateur dans une ambiance nocturne - industrielle faisant écho à la science-fiction mais aussi à la musique Ambiant, à celle d’Eliane Radigue, de Wolfgang Voigt, …
L’artiste développe un imaginaire singulier en évitant les formes trop figuratives, pour concentrer sur la surface de la toile une substance énigmatique en hyperactivité qui magnétise littéralement le regard et l’imagination.
Les peintures, souvent de grand format, mettent en œuvre une alchimie singulière de nature urbaine, composée de détergents tels que la Javel. La réaction chimique qui
intervient produit à ses yeux un instant d’incandescence réel qu’il tente de fixer sur la toile.
L’ajout de substances colorées est inspiré par l’esthétique brute du chantier, comme les repères tracés au spray par les techniciens pour identifier les canalisations souterraines, sorte d’écriture mystérieuse, de tag sur bitume.
Il y a aussi les pigments bleus ou ocres utilisés par les maçons à l’aide du cordeau à tracer.
Dans les tableaux de Spone la perspective est présente, créant une illusion de profondeur. Une perspective faisant référence aux plateaux scéniques du Théâtre, aux films de Meliès, aux châteaux de Mario 64, là où l’immersion dans la peinture serait possible…
— Ça m’est égal, de toute façon, je Voyage au bout de la nuit.
Lemmy Caution, Alphaville, JLG, 1965.
Samuel Spone, né en 1992, vit et travaille à Sète.
Après avoir obtenu un dnsep à l’EsbaMo.Co en 2019, il est lauréat du Château Capion dans le cadre des Résidences hors les murs du Mo.Co 2020.
Expositions récentes et à venir :
Opéra, avec Gaétan Vaguelsy et Sam Krak, galerie chantiersBoîteNoire, Montpellier, 2021
Drift project, Ateliers de la ville de Marseille, Marseille, 2022
Ouverture d’atelier, Les eaux blanches, étang de Thau, Sète
ARP 2500, galerie chantiersBoîteNoire, Montpellier
La fashion fripe, Eglise des frères prêcheurs, Arles
Le Kiasma, Castelnau-le-lez, 2023