Show room #5
Nina Roussière De Maria, Marion Sagon, Camile Sonally sont trois jeunes diplômées des Ecoles supérieures des Beaux arts de Montpellier et de Nîmes.
Le festival des architectures libres propose un parcours à la découverte d’installations éphémères installées dans les cours d’hôtels particuliers.
Les locaux de la galerieChantiersBoîteNoire sont situés dans l’Hôtel Baudon de Mauny ;
ce fut l’occasion d’inviter les trois jeunes artistes qui entretiennent une relation singulière, critique à l’idée de l’architecture et à sa mise en œuvre.
Ce qui pourrait être du dessin de plans, de la photographie documentaire, une maquette et une mise en scène environnementale… sont en réalité autant de fictions, de formes et de matière sensible ; de l’architecture en somme !
Les dessins, volumes et environnement de Marion Sagon, questionnent la notion de paysage et d’architecture impliquant l’homme et son environnement.
Comment l’homme s’approprie la nature et « géo-maîtrise » son espace ?
La maison personnifiée est solitaire et le paysage vertigineux. Par la suite, les paysages seront plus industriels, déshumanisés, ils mettent en scène des éléments géométriques qui sont à mi-chemin entre abstraction et représentations figurées. Certaines formes extraites du dessin sont produites en volume. Une fois placées dans l’espace, elle proposent une mise à échelle singulière et remettent en question nos habitudes visuelles. Etant dénués de toutes traces temporelles, spatiales, historiques, ces paysages ne semblent être ni d’ici, ni d’ailleurs et nous renvoient cependant à une impression de déjà vu.
Camille Sonally a réalisé une série de photographies à quelques kilomètres de Paris : Val d’Europe, une ville nouvelle créée par les pouvoirs publics et la Walt Disney Company.
Val d’Europe regroupe différentes communes, toutes pensées et financées par Disney. Le projet d’urbanisme de cette ville soulève de nombreuses questions relatives au phénomène de la privatisation de l’espace public. L’architecture de façade présente dans ces lieux ne réduit-elle pas la ville à un espace scénarisé et fictionnel ?
Ces images s’inscrivent dans une histoire de la photographie documentaire, et font référence aussi bien à Walker Evans et à ses photographies d’architectures vernaculaires qu’au projet de Dan Graham Homes For America.
Une autre série aborde l’idée de la fictionalisation du réel, au travers de photographies qui représentent des architectures fonctionnalistes, typiques des années soixante. Ces images portent un regard critique sur ces lieux, souvent déshumanisés. Au travers de la prise de vue une dramatisation du réel s’opère, laissant le spectateur face à des images dont on ne sait si elles sont des morceaux de réel ou des maquettes.
Avec Nina Roussière De Maria c’est le processus mis en œuvre qui est donné à voir par l’usage d’une méthode de transfert au caractère simple et évident, le papier carbone.
Le travail est engagé avec le souci constant de laisser apparaître tous les éléments constitutifs du dessin.
« Il fallait tester plus avant le processus engagé, trouver un support fin, un peu transparent et velouté, similaire à la peau. Jouer sur l’épuisement du trait jusqu’à sa disparition. J’ai fait une série de dessin sur papier japon.
Ayant superposé plusieurs couche de papier et de carbone afin que la force de ma mine traverse les couches de cette membrane matricielle.
Restait à donner du sens, un contenu, un support, trouver une fiction « aliénante » propice à un exercice « laborieux », épuisant dans lequel le dessin se noierait…définir un principe graphique spécifique, produire une matière sensible. »
C’est Sonate d’Automne film d’Ingmar Bergman, le jeu très particulier des rapports de pouvoir mis en scène, l’ambiance dérangeante et oppressante due à l’emprisonnement psychologique et physique des personnages qui allaient offrir la matrice filmique recherchée.
L’usage de grands formats a fait basculer les dessins dans un nouvel espace physique ;
les grandes feuilles de papier carbone bleu ou noir nécessaires à l’exécution des dessins apparaissent alors « brutalement » comme des œuvres autonomes , physiquement très présentes, à la manière de monochromes minimalistes, révélateurs d’une vie intérieure, d’une matière griffée, renvoyant aux pratiques pariétales …
La galerieChantiersBoîteNoire bénéficie du soutien de la DRAC Languedoc-Roussillon, de la Région Languedoc-Roussillon et de la Ville de Montpellier