Rosomanie
Six ans après l’exposition Pierre Joseph ? à la galerie chantiersBoîteNoire où Pierre Joseph jouait de son homonymie avec Pierre-Joseph Redouté pour réaliser une série de photographies de fleurs comparable en bien des points aux aquarelles de ce dernier, Rosomanie marque un tournant dans son esprit : de prétexte, son intérêt pour les fleurs est devenu l’enjeu même d’une réflexion sur son rapport à la nature.
De simple décoration et motif, les fleurs sont devenues à ses yeux de véritables individus dont il s’agit de faire le portrait, portrait contenant les caractéristiques communes à l’espèce comme celle du spécimen considéré, comme leurs défauts parfois qui font leur authenticité. Les fleurs donc dans toute leur puissance.
Rosomanie évoque une forme de passion pour les roses héritée du 18e siècle qui se cristallise autour de la figure de l’Impératrice Joséphine et de sa roseraie du Château de Malmaison, riche d’une collection de 250 variétés.
Pierre-Joseph Redouté, dessinateur aquarelliste d’origine belge est le principal représentant pictural de cette mania avec quantité de dessins botaniques de roses.
Pierre Joseph d’aujourd’hui réactive l’œuvre et les aquarelles de ce dernier avec la photographie en utilisant entre autres le « focus stacking » technologie qui permet de faire la netteté sur tous les plans de l’image, rejoignant ainsi la précision descriptive et la rigueur d’un dessin scientifique.
Ces nouvelles images laissent apparaître des détails peu visibles à l’œil nu, comme de petites bêtes, araignées, pucerons qui viennent moduler la beauté et la « pureté » des fleurs.
Cet ensemble de cinq roses différentes est soutenu par une série de Photographies sans fin de fumier, qui vient amender et nourrir une vision holistique et permaculturelle d’une iconographie intemporelle.
Rosomanie propose cinq nouvelles photographies de roses issues de la série Les plus belles roses et vingt-cinq autres Photographies sans fin de fumier intitulées Selfumier.
A Montpellier, Pierre Joseph introduit un variant à la présentation des seules roses, ce variant interpelle les préocupations du temps, l’écologie, la relation que l’homme entretient avec la nature, le cycle des saisons et celui de la vie ; au-delà, la posture de l’artiste en se dépossédant de la question du point de vue.