galerie les Chantiers Boite Noire

expositions

Jean Laube

03.2005

 

 

 

Boîtes

                   

Christian Laune m'avait proposé de travailler autour de la notion de projet.
Ma première entrée était d'anticiper par des maquettes un travail de peinture qui se déplierait sur les murs de lieux à parcourir. 
Ces maquettes sans destination réelle se sont peu à peu transformées en " boîtes ", terme vague, mais dont la clôture qu'il signifie constitue la principale motivation de ce travail. C'est devenu un travail sur le dedans, " l'espace du dedans ".
Ce sont de petites constructions de carton et de peinture, que l'on peut tenir dans une main, et dont on peut voir l'intérieur par une ouverture.
On y voit des intérieurs, des corridors, des sous-sols, des lieux vides ou des chaos kaléidoscopiques.
Cela consiste pour le spectateur à rapprocher de son œil une chose petite, fabriquée, plus ou moins anodine; y découvrir un espace mental, poétique, commun, remémoré, intériorisé. Quand on repose la boîte sur la table, l'image disparaît.
Certaines boites représentent des lieux réels ou de rêverie, d'autres ne représentent pas. Certaines sont closes, d'autres ouvertes ou traversées.
Certaines sont illusionnistes, d'autres désillusionnistes.
Au fur et à mesure du travail, J'ai tenté de saisir tous les modèles qui m'arrivaient, par analogies : le théâtre, le kaléidoscope, la visionneuse, le jouet. La maison, Le Musée, la Chambre obscure, la Chambre jaune, la Boîte blanche ou les intérieurs de Van Hoogstraten, et encore le Merz Bau. 

Ce travail, que je voyais comme une pause devient central. J'y retrouve les questions que je rencontre en peinture et sculpture depuis le début : la vue et l'objet, la matérialité des représentations, l'écart entre l'élan et la construction, la fixité et le mouvement. 
Ce qui s'ajoute ici, c'est que le regard demande une action au spectateur. Le geste de regarder, de porter la chose à son œil.
Il s'agit toujours d'un regard frontal, du devant vers le fond, centré. Mais la clôture des boîtes n'autorise qu'un spectateur à la fois, qui se retrouve seul, un instant.
Cela ne peut se partager que par la parole : on imagine de montrer ces objets sur une table éclairée autour de laquelle pourraient se réunir quelques personnes.

Jean Laube 
Septembre 2004